L’Art du Bonsaï : Gestion des Proportions et Racines.

Le Bonsaï, cet art délicat de cultiver des arbres miniatures dans des pots, repose essentiellement sur la maîtrise des proportions. Considérant que la surface racinaire de l’arbre équivaut à la partie visible de l’arbre, nous nous aventurons à défier la nature en inversant ces proportions lors de la transplantation dans une poterie traditionnelle..

L’objectif initial est souvent de sectionner la racine pivot de l’arbre pour l’adapter à son nouveau contenant. Cette opération, bien que potentiellement traumatisante pour l’arbre, s’avère biologiquement bénéfique à sa santé globale. Pour comprendre pourquoi, explorons plus en détail les enjeux liés au système racinaire.

Dans la nature, les arbres développent souvent une racine pivot longue et dépourvue de radicelles robustes. Les racines pivot permettent à l’arbre puiser de l’eau en profondeur, et de s’ancrer profondément pour résister aux intempéries, tempêtes et autres vents violents. Cette structure les oblige à dépenser une énergie considérable pour transporter la sève sur de longues distances. De plus, ces racines pivotantes les rendent vulnérables aux ravageurs souterrains tels que les larves et les rongeurs. Malheureusement, ces problèmes ne se manifestent pas toujours en surface, ce qui peut entraîner le déclin de l’arbre.

Lorsque nous prélevons un arbre dans la nature (un Yamadori), nous devons travailler sur son système racinaire pendant environ un an, avec précaution pour ne pas perturber l’arbre. Idéalement, nous replantons l’arbre en pleine terre dans notre propre jardin ou le plaçons dans un bac de culture en bois aéré. L’objectif est d’encourager l’arbre à abandonner naturellement sa racine pivot au profit d’un système racinaire en étoile.

Pour y parvenir, nous enterrons profondément la racine pivot dans une terre argileuse, favorisant ainsi la reprise de l’arbre. Cependant, ce n’est pas suffisant. Pour que l’arbre soit prêt à être rempoté dans une poterie à bonsaï, nous devons créer une poche d’air à la base de l’arbre, son Nébari. Pour ce faire, nous remplaçons l’argile en surface par de l’Akadama, une roche volcanique japonaise. L’Akadama, bien aéré et drainant, incite l’arbre à développer un nouveau système racinaire étoilé, tout en laissant la racine pivot mourir naturellement. Ainsi, l’arbre n’a plus besoin de puiser de l’eau en profondeur, ce qui renforce sa santé globale.

Lorsque l’arbre commence à changer, que ses feuilles deviennent plus petites et plus densifiées, c’est le signe qu’il puise maintenant l’eau sur des radicelles plus nombreuses à sa base. À ce stade, nous pouvons sortir l’arbre de terre (à la fin de l’hiver, avant qu’il ne commence à bourgeonner) et sectionner sa racine pivot qui ne lui est plus d’aucune utilité. L’arbre va désormais beaucoup moins s’épuiser à tirer de la sève pour développer du feuillage et enclencher le processus de photosynthèse. En contrepartie, il sera par contre beaucoup plus soumis à des besoins d’arrosages réguliers, particulièrement en été. Un bonsaï doit être arrosé tous les jours, voire deux fois par jour en période de fortes chaleurs répétées. Il n’a plus que des racines sur environ 5 à 20 cm selon la poterie dans laquelle il se trouve, et son terreau va sécher très rapidement. Un oubli d’arrosage en période de canicule peut être fatal à un bonsaï. Cependant, si l’arrosage est régulier et que vous prenez soin de lui comme il le mérite, il sera alors bien plus vigoureux qu’un arbre dans la nature.

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